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Le point sur les marchés financiers: pire trimestre en près de trois ans pour Wall Street

  • Photo du rédacteur: Alain Azeroual
    Alain Azeroual
  • 6 avr.
  • 6 min de lecture


Les indices américains, pourtant stars de ces dernières années avec des performances stratosphériques, ont connu une phase de repli conséquente au cours de ce premier trimestre 2025. Le S&P et le Nasdaq viennent de boucler leur plus mauvais trimestre depuis 2022, avec près de 5% perdus pour le premier, et plus de 10% pour le second.

 

Paradoxalement, les actions européennes ont connu une performance très solide durant cette même période. Madrid (Ibex) a bondi de 13%, Francfort (DAX), portée par les valeurs de la défense, et Milan (MIB) ont pris 11%. De leur côté, le CAC 40 et le Footsie londonien ont progressé de plus de 5%.

 

À noter que le différentiel de performance entre l’Europe et les États-Unis n'avait jamais été aussi fort dans le passé. Pour BlackRock Institute, le rebond des actions européennes n’est pas terminé et pourrait se prolonger encore au moins trois à six mois.

Du côté des « gourous » des marchés et autres stars des banques d'investissements, personne n’avait prévu un tel scénario pour le premier trimestre. Désormais, ces derniers revoient leurs prévisions à la baisse. Ainsi, Goldman Sachs a abaissé son objectif de fin d’année 2025 pour le S&P 500 à 5.700 points.

 

Forte tension sur les marchés avant l’annonce des tarifs douaniers de Donald Trump

 

Le "Jour de la Libération", proclamé par Donald Trump hier soir, n’aura pas offert la moindre délivrance aux marchés financiers. Bien au contraire.

 

A mesure que le président américain dévoilait une salve inédite de tarifs douaniers réciproques visant la majorité des partenaires commerciaux des États-Unis, une onde de choc s’est propagée sur les places boursières mondiales. Loin d’un simple ajustement tarifaire, cette nouvelle doctrine commerciale signe la fin de la globalisation comme moteur de la croissance et le retour à un protectionnisme frontal, aux accents de guerre économique globale.

 

Les nouvelles taxes, dont un plancher de 10% sera appliqué à tous les pays dès le 5 avril, montent jusqu’à 46% pour le Vietnam. L’Union européenne subira une taxe uniforme de 20%, tandis que la Suisse endossera 31% et le Royaume-Uni 10% seulement. La seule bonne surprise vient du fait, qu'à ce stade, le Canada et le Mexique ne sont pas concernés par ces droits de douane réciproques. Donald Trump présente ces mesures comme une "correction historique" destinée à faire renaître l’industrie américaine et réduire les déficits commerciaux jugés "structurellement injustes". L’administration mise sur un effet de relocalisation et sur des recettes douanières "massives" à reverser aux contribuables.

 

Malheureusement, les effets récessifs et inflationnistes vont faire croître les craintes de stagflation, affaiblir la confiance des agents économique et compliquer le processus de baisse des taux des banques centrales.

 

Les partenaires commerciaux des États-Unis devraient répondre énergiquement et provoquer un effet domino de représailles tarifaires, accentuant les effets négatifs. Les mesures américaines ont été jugées comme "un coup majeur" par Ursula Von Der Leyen. De son côté, la Chine a appelé Washington à annuler "immédiatement" ses décisions, tandis que Londres tentait de temporiser pour préserver ses négociations bilatérales. Une escalade pourrait être le catalyseur d’un cycle récessif mondial. Les comparaisons avec les années 1930, longtemps considérées comme exagérées, refont surface.

 

L’histoire offre un précédent à ne pas ignorer : les Smoot-Hawley tariffs de 1930. A l'époque, cette loi protectionniste avait déclenché une guerre commerciale mondiale en provoquant des mesures de rétorsion de la part des partenaires économiques des États-Unis. Le résultat fut une contraction massive du commerce international, une aggravation de la Grande Dépression et une montée du taux de chômage. 95 ans plus tard, les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. L’augmentation brutale des droits de douane décidée par Donald Trump risque d'enclencher un cercle vicieux de ripostes tarifaires, pénalisant la croissance et la stabilité financière mondiale.

 

Zoom sur l'impact des tarifs douaniers

 

Sur les marchés financiers, le choc a été immédiat et les actifs américains ont souffert autant que les autres : le S&P 500 a cédé 2.7%, tandis que le Dow Jones et le Nasdaq ont chuté respectivement de 2% et 3.3%. Apple, emblème de l’intégration sino-américaine, a dévissé de 7%, victime de sa dépendance à la chaîne de production chinoise, désormais taxée à plus de 50%. En Asie, le Nikkei a lâché 3%, le Hang Seng 1.7%, et le CSI 300 a perdu 0.7%, dans un contexte d’aversion généralisée au risque. L’Europe n’a pas été épargnée : l’Euro Stoxx 50 a reculé de 1.8%, le Footsie de 1.4% et le SMI de 1%. Les investisseurs anticipent des contre-mesures douloureuses et une dégradation rapide du climat commercial transatlantique. Le pétrole a glissé de plus de 3%, reflétant les craintes sur la demande mondiale.

 

Le secteur technologique encaisse le coup avec violence, particulièrement visé par les hausses tarifaires sur les importations asiatiques. Les chaînes d’assemblage situées à Taïwan, au Vietnam ou en Corée du Sud devront faire face à des surtaxes dépassant parfois 30%, provoquant une onde de choc sur les semi-conducteurs, l’électronique grand public, mais aussi l’aéronautique ou l’automobile.

 

Dans le secteur pharmaceutique, les grands groupes internationaux redoutent non seulement les taxes elles-mêmes, mais aussi une flambée des coûts de production. De nombreux principes actifs sont fabriqués en Inde ou en Chine, deux pays lourdement touchés par les nouvelles taxes américaines.

 

Les investisseurs se sont réfugiés en masse vers les actifs considérés comme valeurs refuge. L’or a pulvérisé son record historique, s'échangeant à plus de 3'160 dollars l’once. Le yen s’est envolé face au dollar, qui a lui-même accusé le coup face à l’euro et aux principales devises émergentes. Les rendements des obligations d’État américaines à 10 ans ont chuté à leur plus bas niveau depuis cinq mois, à 4.04%, signe de l’anticipation d’un ralentissement économique.

 

L’espoir d’un retour rapide au statu quo est mince. La correction boursière pourrait se poursuivre, accélérant la rotation sectorielle du premier trimestre, au profit des actifs et des secteurs défensifs. S'il est presque "trop tard" pour acheter des protections, il est encore parfaitement possible de mettre en place des stratégies qui bénéficient de cet environnement.

 

Le responsable des titres à revenu fixe chez MIFL (Mediolaum International Funds), Daniel Loughney, juge que nous sommes à un tournant dans les relations économiques américaines et européennes. Si l’impact potentiel des politiques tarifaires américaines sur l’Union européenne est encore incertain, l’Europe a clairement fait le choix de se défendre.

 

Pour M. Loughney, l’Allemagne a récemment déclenché un changement de paradigme sur le front fiscal. Par la suite, la présidente de la BCE, Christine Lagarde s’est voulue claire en souhaitant « une Europe qui aille vers l’indépendance ».

 

Autant d’éléments qui selon lui démontrent que l’Europe n’entend pas céder devant les mesures de rétorsion tarifaire américaines. L’Union européenne affirme également sa volonté de rester « ferme et unie face à d’éventuelles périodes difficiles ».

 

On sait d’ores et déjà que l’Allemagne et l’Italie seront fortement impactées par les droits de douane sur les exportations de voitures. Plus largement, l’augmentation des coûts de production et les perturbations des chaînes d’approvisionnement freineront l’activité économique dans son ensemble. Il est déjà anticipé également que les secteurs européens de l’acier et de l’aluminium pourraient fortement souffrir.

 

Droits de douane : les marchés obligataires semblent un peu trop minimiser le risque

Avec le « jour de la Libération » tel que proclamé par Donald Trump, les taux ont fortement baissé sur le marché obligataire. Mais certains experts se demandent si ces taux n’ont pas un peu trop baissé et si les investisseurs obligataires ne sont pas en train de sous-estimer les effets de la guerre commerciale qui se prépare.

 

On observe actuellement des obligations d'État américaines dont le rendement est passé de 4,4% jeudi dernier à 4,16% ce mardi. Du côté de l’Europe, même constat avec le taux du Bund allemand à 10 ans qui a reculé de 16 points de base (bp) en une semaine.

 

En réalité, les investisseurs jouent le scénario d’un ralentissement de la croissance américaine et européenne. Dans ce cas de figure, les banques centrales pourraient vouloir soutenir l’économie en baissant les taux. Par ricochet, les rendements des obligations d'État diminueraient à leur tour.

 

Mais rien n’est moins sûr, car les banquiers centraux sont prudents et veulent marquer une pause dans l'assouplissement monétaire. Situation pour laquelle les marchés ne sont pas prêts. Ils misent toujours massivement sur une baisse des taux de la BCE et de la FED prochainement. Le retour à la réalité pourrait être brutal et se traduire par une envolée des rendements des obligations d'État.

 

 
 
 

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